Pour la Fédération Parapluie Rouge, la loi de pénalisation des clients a “favorisé le développement de la prostitution sur internet avec des tarifs équivalents à ceux pratiqués dans la rue”. 62% des relations entre une travailleuse du sexe et un “acheteur de prostitution” passent aujourd’hui par le net, selon l’étude Prostcost de 2015. Le web devient ainsi la nouvelle cible de la lutte contre le travail sexuel.
Pour Le Mouvement du Nid, l’activité des sites d’escorts s’apparente à du proxénétisme. En 2018, il a ainsi fait fermer la section rencontre de VivaStreet suite à une plainte pour proxénétisme aggravé. Conséquences directes de la fermeture de ces sites d’annonces au prétexte de la lutte contre le proxénétisme : les travailleuses du sexe perdent de l’argent. Leurs conditions d’exercice sont également précarisées car elles se retrouvent contraintes de réorganiser leurs moyens de mise en relation avec leurs clients. Ainsi le Nid conclut dans son bilan d’activité : “Fermer les sites ne fonctionne pas et pénalise les personnes qui n’ont pas besoin d’être protégées, ainsi que celles qui devraient l’être”.

Jess31 fait partie de ces prostituées qui travaillent sur le net.
Les associations s’adaptent à cette “nouvelle” forme de prostitution et les maraudes de rue se prolongent sur internet. À Grisélidis, cette pratique est mise en place de façon récurrente. June Charlot raconte : “Je vais sur des sites d’escort et je présente l’association. Pour les personnes qui ne sont pas à Toulouse, on peut envoyer par courrier des préservatifs, des tests VIH, proposer des entretiens avec notre avocat…” Ils essaient ainsi de présenter la même aide pour les personnes dans la rue et celles sur le net.
Jess31 fait partie de ces prostituées qui ont quitté la rue pour le net. Elle travaille sur différents sites de petites annonces. Elle confie : “J’ai bien aimé la rue, avant. Après il y a eu les interdictions, les lois contre la prostitution. On a été vachement emmerdées. Alors elles se sont mises sur le net, et il y en a de plus en plus. Tous les jours il y en a des nouvelles”. Sur son site, Grisélidis n’oublie pas de rappeler aux visiteurs que le racolage en ligne n’est plus un délit depuis que “la loi qui interdisait de racoler publiquement en vue de relations sexuelles rémunérées a été supprimée”.
Sur les sites spécialisés, les clients peuvent laisser un avis, après la prestation. Malgré la loi de 2016, les clients ne peuvent pas être poursuivis sur la base de simples expériences. Les commentaires ne prouvent pas directement qu’une relation sexuelle tarifée a eu lieu. Ces conditions rendent très difficiles l’encadrement de prostitution sur internet.